Burka, Nikab, Hijab, peu importe le terme employé, l’idée de voile intégral intrigue et semble déranger au point de provoquer un débat national que la loi seule serait susceptible de trancher. Pour certain son port serait une atteinte à la liberté individuelle de la femme, pour d’autres son interdiction constituerait une attaque à la liberté tout court.
Dans un pays comme la France où la tradition laïque et les combats féministes sont profondément ancrés dans l’Histoire récente, quoi de plus naturel après tout que cette confrontation.
Négar Zoka, la réalisatrice, choisit de porter sur la question un point de vue « décalé » – dépassionné et souvent plein d’humour- qui découle de son parcours personnel culturellement « métissé ».
Originaire d’Iran, elle s’est installée en France par choix « philosophique » plus que par contrainte. Lectrice de Voltaire, elle puise aux sources des Lumières les éléments d’une réflexion qui la conduit à renvoyer dos à dos « obligation » et « interdiction » comme les deux faces d’une même médaille, celle de l’ingérence de la chose publique dans le domaine privée.
Convaincue que la crispation des idées nourrit l’intolérance, elle nous entraîne à la rencontre des pensées les plus diverses et parfois les plus radicales pour mieux nous inviter à repenser notre rapport à l’Autre. L’Autre, la femme contrainte, interdite de voile, obligée de le porter, l’Autre l’étranger que l’on méconnaît et que l’on perçoit comme une menace. Parce qu’il croit en un Dieu différent… Ou ne croit tout simplement pas. L’autre, notre alter ego…