Dossier UMS 3514

Les fonds marins de la Belle bleue sont menacés de désertification. Pollution et surpêche sur le littoral comme en haute mer font des ravages…

La pisciculture est-elle pour autant la solution miracle pour que les générations futures continuent à consommer poissons et fruits de mer ? Rien n’est tout à fait évident. Les crises alimentaires de type vache folle incitent à la réflexion. D’où la mobilisation d’un nombre impressionnant de chercheurs en France, en Italie, en Espagne pour étudier les réactions des espèces méditerranéennes à l’introduction de l’élevage en milieu sauvage… En Corse, l’Université s’est alliée avec les organisations professionnelles de pêcheurs et les chercheurs du CNRS pour étudier un symbole marin particulièrement menacé : l’oursin.

Curieusement, les premières découvertes obtenues par ce programme, surnommé Stella mar (étoile de mer) nous entraînent loin, très loin, dans la connaissance du milieu aquatique, mais plus encore de l’humain lui-même…

Au commencement donc, il y a la mer et l’amer constat qu’elle se vide de ses habitants vivants, envahie qu’elle est par les objets inanimés et sans âmes que rejettent les dépotoirs engorgés des côtes… C’est pas très poétique, encore moins sexy, mais par contre il y a peu de sujets aussi vitaux que l’état des eaux des mers et des océans. Un enfant de primaire le comprend sans qu’on lui fasse de dessin : il y a trop d’humains, trop de consommation  trop de pollution et pas assez de poisson. … Résultat, les terriens qui sont en train de « venir au monde » ne mangeront pas de petits rougets, ni même de sardines ou de maquereaux. En tout cas pas comme nous, sur le grill, avec une bonne salade de tomate à l’huile d’olive. Tout cela est en train de tomber dans le passé révolu…

Mais pleurer sans comprendre ne sert à rien et je n’ai jamais aimé écrire des films sur ce registre.  Surtout qu’il existe toujours des raisons de ne pas désespérer totalement. C’est le cas, cette fois,  sur la côte Corse…

L’oursin est  l’objet d’étude d’un vaste projet d’observation de la mer dont le but avoué est de trouver des solutions locales pour un désordre globale… L’oursin doit être protégé, et pour ce faire, il faut l’aider à croître de nouveau.  Il  est donc au cœur d’un programme de repeuplement des fonds « abîmés », voire désertifiés qui intéresse des scientifiques venus du monde entier.

Les responsables de ce programme  tentent de cultiver ou mieux d’élever le hérisson des mers, la langouste ou encore certaines variétés de poissons comme on le fait avec l’huître. Le phénomène est nouveau… il est question de travailler le milieu naturel et non pas de créer des « fermes piscicoles ». On collecte les bébés larves, on les protège, on les fait grandir- on les étudie au microscope le temps de leur adolescence pour voir de quels crise ils sont capables – et puis on les réimplante dans leur milieu… Pour l’instant, comme l’expérience est neuve on tâtonne, mais l’on a bien conscience qu’il est essentiel d’apprendre à lire dans le dictionnaire encyclopédique des fonds marins plutôt que de jouer aux apprentis sorciers en triturant les gênes des crustacés…

On retrouve effectivement grâce aux microscopes et aux observations des grands fonds, les mythes fondateurs de l’humanité, les grandes peurs communes à tous les peuples, les continents engloutis, l’arche de noë. C’est à lire entre les lignes, car il est forcément question de philosophie dès lors que l’on attente à la vie… mais l’urgence de ce début de XXI ième siècle est plus simple et facile à aborder. Plus pragmatique aussi… mais pas moins enchanteur, grâce à l’image.  Elles seront assez fortes pour nous aider à rêver, à nous évader, à nous projeter…

Pour l’heure, il faut donc multiplier les crustacés et autres dérivés de la vie marine à une échelle incroyable – vu la croissance démographique et les révolutions alimentaires en cours- mais les scientifiques nous disent que se presser ne sert à rien… Une course contre la montre est engagée, mais les gestes se veulent précis, lents, assurés…
Il y a urgence, nos chercheurs jouent aux sages, mais agissent en pompier. Ce sont des hommes de savoir, mais plus encore d’action. C’est ce qui fait leur force principale… Dans ce film.

REALISATEUR : JEAN MICHEL RODRIGO
IMAGE : MARINA PAUGAM, FRANCESCU ARTILLY, CYRIL CLAUS, PATRICK REYTHIMNIS-TORRE
IMAGES SOUS-MARINE : UNIVERSITE DE CORSE UMS STELLA MARE
SON : JEAN FLORENT CHATILLON
MONTAGE : GAËTAN LE MARTELOT
MIXAGE : JEAN FLORENT CHATILLON
PRODUCTEUR : YANN CHAKER
PRODUCTRICE DELEGUEE : CLARA GANNAC
DIRECTRICE DE PRODUCTION : CAROLINE RICHTER-BONINI
ADMINISTRATEUR DE PRODUCTION : THIERRY FONTAINE EN COPRODUCTION AVEC GB PROD ET FRANCE 3 CORSE VIA STELLA
AVEC L’AIDE DU CENTRE NATIONAL DU CINEMA ET DE L’IMAGE ANIMEE, FRANCE TELEVISIONS