De la colonisation aux chatouilleuses
À Mayotte, depuis 1841, la France a pratiqué la colonisation comme monsieur Jourdain faisait de la prose : sans le savoir !… ou si peu ! Du bout des lèvres, avec des pincettes, sans y investir le moindre argent nécessaire à son développement !
Si bien que les Mahorais ont dû faire des pieds et surtout des mains – ah, les chatouilleuses ! – pour que la métropole les aide à s’affranchir de la domination des deux grandes îles de l’archipel des Comores : Grande Comore et Anjouan.
À la fin des années soixante, aux Comores, la France danse toujours le tango de l’indécision. Piètre colonisatrice depuis plus d’un siècle, elle se garde bien d’engager le développement économique de l’Archipel et politiquement, ses beaux principes républicains s’engluent dans les basses manœuvres des réseaux de la France-Afrique.
Pendant ce temps, les relations entre Mayotte et les autres Îles Comores se dégradent à grande vitesse. Les vieilles rancœurs ressurgissent comme au temps des sultans batailleurs…
Avec les lois d’autonomie interne qui transfèrent la plupart des compétences de l’Etat au Territoire, le gouvernement de Moroni en Grande Comore bloque tous les investissements demandés par le Mahorais. Sur l’île « Hippocampe », la tension monte entre partisans d’une Mayotte Française – le MPM et ses « Sorodas » qui dominent très largement dans l’opinion – et les « Serrez-la-main » qui rêvent d’un archipel des Comores indépendant et enfin unifié.
Des chatouilleuses à l’indépendance des Comores
Imaginez une Gaule cherchant à s’affranchir de l’occupation romaine dans laquelle, seul, le village d’Astérix se battrait pour rester sous la domination des Romains…
Á la fin des années 60, la situation de Mayotte ressemble étrangement à ce paradoxe au sein de l’archipel des îles Comores. Et comme dans le village d’Astérix, l’entente ne règne pas vraiment…
Lors de la consultation électorale de décembre 74, la Grande Comore, Anjouan et Mohéli votent l’indépendance à plus de 99% tandis que Mayotte veut rester française à 64%.
La France se trouve piégée. Doit-elle considérer le résultat dans son ensemble ou bien île par île ?
Usant du sentiment diffus de mauvaise conscience développé par Paris vis-à-vis du fait colonial français,à Mayotte, on enfonce le clou tandis que Paris joue toujours la valse hésitation.
D’autant plus qu’à l’ONU, une large majorité de pays soutient Moroni sur l’unicité du territoire des quatre îles Comores. Le lobbying mahorais réussit pourtant à convaincre le RPR de retenir le décompte île par île. Fâchées, les îles Comores marchent vers leur indépendance auto proclamée en juillet 1975.
Un mois plus tard, les réseaux Focard utilisent Bob Denard et ses mercenaires pour renverser le premier président des Comores : Mohamed Abdallah.
Changer d’avenir
La période actuelle de l’histoire de Mayotte change par rapport aux pratiques qui lui ont permis de rester dans le giron de la République Française.
L’âge et la maladie ont également contraint les leaders « historiques » du mouvement sécessionniste à prendre du recul. Avec eux, s’estompent les méthodes qui valaient à cette « Collectivité départementale » une place à part dans la façon de pratiquer la politique. Dans leur marche vers la départementalisation, les Mahorais ont dû avaler quelques couleuvres comme l’abolition de la polygamie et de la répudiation ou le confinement des cadis au rôle d’auxiliaires administratifs… La prééminence du droit commun sur le droit local ne se met pas en place sans provoquer colères et inquiétudes.
De leur côté, les gouvernants Comoriens ne font plus peser que mollement sur la France le poids de leur gestion économique et politique catastrophique. Comparée à ses voisine, Mayotte représente un Eldorado qui exerce une très forte attraction sur ses îles soeurs, Mohéli exceptée.
L’immigration (renforcée par l’imposition en 1995 du « Visa Balladur ») croit de façon exponentielle. On estime à 40% de la population, le nombre de « clandestins » à Mayotte. Sur environ 180 000 habitants, ils représentent plus de 70 000 personnes !
Chaque année, on repêche entre cent et trois cents corps de personnes qui ont chaviré avec les « kwasa-kwasa » de fortune qui devaient les amener d’Anjouan à Mayotte, Terre Promise.
RÉALISATION : ALAIN TENENBAUM
IMAGE : ALAIN TENENBAUM GERALDINE LOUIS
SON :
MUSIQUE ORIGINALE : NESSIM BISMUTH – FREDERIC BORDES
MONTAGE : ALAIN TENENBAUM
MIXAGE : PHILIPPE CHAMPENOIS
PRODUCTION DELEGUEE ; EVELYNE JULY – JEAN-MICHEL RODRIGO
COPRODUCTION : MECANOS PRODUCTIONS, RFO
AVEC LE SOUTIEN DU CENTRE NATIONAL DE LA CINEMATOGRAPHIE
DIFFUSION : RFO
Durée de chaque épisode : 52 minutes