Résumé du film
Antoinette et Valérie ne sont pas vraiment de la même génération mais toutes les deux ont quitté la Corse pour apprendre le stylisme hors de l’île. L’une dans les années quatre-vingt, l’autre vingt ans plus tard…
Elles ont eu la même idée à peu près au même moment : vivre d’une création inspirée des symboles de l’île de Beauté, mais aussi des souvenirs de leur enfance.
Entre nostalgie classique et influence Warholienne qui décoiffe, entre émotion et distance intello, des retours au pays plutôt réussis…
Quelques mots du réalisateur
Enfant de Corse élevé sur le continent, j’étais souvent taquiné par mes amis sur mes origines : Napo, Tino, les sangliers et la flemme, les sérénades sirupeuses… tout un folklore qui, pourtant, n’a pas bercé mon enfance et que je regardais un peu de haut.
A l’adolescence, mes icônes à moi c’était plutôt les Stones et Warhol. Puis, lorsque j’ai poussé les portes de l’Université de Corte je me suis plongé à fond dans l’identité : Canta u Populu Corsu, I Muvrini, I Chjami Aghjalesi… Les groupes qui portaient un message revendicatif autour de la réappropriation culturelle et je suis devenu… professeur de Langue Corse.
Ce n’est que bien des années plus tard, après avoir quitté l’enseignement pour la radio et la télévision, pour passer devant puis derrière la caméra, utiliser des outils de communication modernes que j’ai fait la connaissance de Valérie Santarelli. Elle aime Warhol, moi aussi. Elle est du genre à servir la polenta à la farine de châtaigne dans une assiette en porcelaine kitchissime décorée à l’effigie de Napoléon et Joséphine comme nos grands-mères en conservaient précieusement dans leurs buffets. Moi aussi. Elle puise dans nos souvenirs pour nous refaçonner une identité ouverte et décomplexée et j’aime ça.
Antoinette aurait pu être mon élève lorsque j’étais prof de Corse. Elle aime ses racines qui plongent dans sa montagne, son identité, mais elle a aussi besoin de courir vers le monde, de créer et de voir le public s’approprier son travail. Encore des points communs car je crée aussi : des collages, qui juxtaposent des dizaines de pièces découpées pour créer une autre œuvre. Et d’autres, qui assemblent des centaines de plans pour former des films.
Alors, je me suis dit qu’il y avait dans la conjonction de ces rencontres, matière à Documentaire. A travers ce film, je veux interroger ces références constantes, qui nous poursuivent, nous corses. Tout comme moi, Valérie et Antoinette veulent avancer et convaincre les autres que l’identité n’est pas synonyme d’enfermement et de repli sur soi.
Aujourd’hui, j’avance comme elles, à la dois amusé et fier de ces symboles que l’on
trouvait un peu ringards et qui sont arborés par les nouvelles générations comme le summum de la « branchitude » dans une Corse mondialisée.