L’OLYMPE DE TROMSO

Sentiment d’étrangeté face à ces rennes qui pour nous, européens du sud, ne servent qu’à transporter le Père Noël une fois l’an. Échange de quelques mots avec Ole Mathis sur ce qu’il est, un sami, ou lapon comme on les a appelés longtemps, ce qu’il pense du monde, de la nature qui l’entoure et de l’importance du renne dans son univers.

Hans Ragnar, un artiste sami, nous parle de cette montagne. Lieu d’estive pour les troupeaux, mais aussi de randonnées toute saison. Lui, qui habite véritablement à ses pieds, et qui est un urbain sédentaire, nous apprend le caractère sacré qu’elle a pour son peuple et ce que cela signifie.

Comme en écho dans la ville, Kim Norli, homme d’affaires quadragénaire, face au Tromdalstinden qui se tient majestueux de l’autre côté du fjord, évoque la relation à cette montagne, symbole, point de ralliement et de reconnaissance de la ville.

C’est du côté est, dans ce qui est un lieu tourné vers le ciel, les radars l’attestent, que Asgeir Brekke nous parle de la barrière protectrice que constitue la montagne contre les vents marins et toutes les perturbations qu’ils amènent. Nous sommes à l’EISCAT, lieu d’étude des aurores boréales dont Asgeir, physicien et poète à ses heures, est un des plus grands spécialistes. Devant la machine de Birkeland qui permet de reconstituer une aurore boréale, il explique le phénomène et surtout pourquoi Tromso est un des hauts lieux des  » northern lights « .

Finalement ne sont-elles pas là pour compenser l’absence du soleil au cœur de l’hiver et égayer les nuits si longues de la ville ? Même si elles ne sont pas tristes du tout comme nous le confirme Aurélie Nowinski, étudiante française et thésarde à l’Institut Polaire. Elle est en train de faire du ski de fond sur les hauteurs de l’île de Tromso, comme le font quasiment tous les autochtones.Kim Norli revient un instant sur la douceur de vivre locale, qui explique l’idée de l’organisation des Jeux Olympiques d’hiver 2014. Il s’est déplacé vers  » Le Mirage « , un des plus célèbres cafés de la cité. Il est bien sûr l’un des trois inventeurs du projet et en présente la philosophie : construire sans dégrader, faire de Tromso la  » ville la plus sexy de Scandinavie  » après ces olympiades, rassembler toutes les énergies autour du projet.

Le Tromsdalstinden est central, symbole, et polarise toute l’attention, sinon les tensions. Sur ces pentes se posent avec plus d’acuité qu’ailleurs les questions universelles telles que : le progrès quel est-il et pour quoi faire ? La montagne est-elle cet espace d’évasion et de liberté dont rêve une partie de l’humanité ? Quelle évasion, quelle liberté, plus encore pour quelle humanité ?

AUTEUR : FREDERIC DERET
RÉALISATEURS : FREDERIC DERET, CHRISTEL CHABERT
IMAGE : PASCAL HARY
SON : JEAN-PIERRE FAVRE
MONTAGE : ALAIN GAVIN
MIXAGE : BRUNO RODRIGUEZ
PRODUCTEUR : EVELYNE JULY
COPRODUCTION : MECANOS PRODUCTIONS , FRANCE 3
AVEC LE SOUTIEN DU CNC