Fonds de pension, délocalisation, mondialisation font désormais partie de notre langage quotidien, mais demeurent des notions abstraites, souvent angoissantes car elles sont synonymes de fermetures d’usines, de pertes massives d’emplois, de désertifications de régions entières…
À travers le regard plutôt « atypique » d’un chef d’entreprise de Haute-Savoie, le film raconte cette phase récente du capitalisme dominée par des mécanismes financiers « globaux » et implacables.
Dans la vallée de l’Arve, 12 000 salariés travaillent encore dans 500 entreprises de décolletage pour fournir en pièces de mécanique de précision les géants de l’automobile, de l’aérospatial ou du secteur médical. Mais pour combien de temps ?
Victimes de leur succès, la plupart de ces entreprises a déjà été rachetées par des fonds de pension anglo-saxons dont l’unique souci est la rentabilité maximale dans des temps records. Pérennité de l’entreprise et préservation de l’emploi qui étaient, hier encore, le souci des patrons de la vallée ne font pas partie des préoccupations d’actionnaires anonymes et lointains… C’est le choc et l’inquiétude à la clé…
Tout aussi inquiétante est la pression que font peser les constructeurs automobiles sur les entreprises de décolletage pour qu’elles délocalisent leur activité à l’étranger (nous le verrons en Chine et dans les pays de l’Est notamment). Abdiquer signifie supprimer des centaines d’emplois, leur résister entraîne l’arrêt des commandes et le dépôt de bilan…
Coincés entre ces multiples menaces, incapables d’y faire face, nombre d’entrepreneurs de l’Arve finissent par se demander s’ils n’ont pas été dépassés par un modèle économique qu’ils auraient trop longtemps cautionnés.