VIES D’ALPAGE

L’histoire de Frédéric Laperierre, 54 ans, aujourd’hui berger à Villar d’Arène dans les Hautes Alpes, tient en peu de mots.

En juin 1976, ce fils de bonne famille – les Transports Laperriere c’est son père et son oncle – obtient son diplôme de sortie de l’ESSEC mais se sent une envie toute relative de prendre place dans l’entreprise familiale. Il décide de faire les estives dans les alpages de Champoluc, Val d’Aoste, Italie, chez Victor Peraillon, 62 ans à l’époque. L’homme effectue sa cinquantième campagne. Les conditions de travail sont difficiles. La traite se fait à la main, la route d’alpage n’a pas été ouverte et l’éloignement oblige les hommes à une totale autonomie, il faut être berger et vétérinaire, cuisinier et fromager, maçon et coiffeur. Le confort est inexistant, c’est une vie rude. Que Frédéric Laperriere trouve rudement belle.

Ce sera sa vie. Trente et un ans plus tard, à quelques nuances près elle est toujours la même.

Alors vingt-six minutes pour si peu de mots n’est-ce pas trop ?
Non, puisque à travers le portrait de Frédéric Laperriere, c’est un peu le portrait d’une génération, celle des petits cousins de 68, qui souvent ont essayé de mettre leur vie en conformité avec leurs convictions, que nous brosserons. Avant que l’esprit de 68 ne soit jeté dans les oubliettes de l’Histoire, ce sera l’occasion de voir quelle existence il a pu faire mener à ceux qui en étaient porteurs, comme on l’est d’un virus, pour être conforme à l’esprit du moment.

Non encore, car dans des temps où il est souvent question de défense de l’environnement, de développement durable et de survie de la petite agriculture, principalement en montagne, il est bon de savoir prêter une oreille attentive à des gens comme lui.

Non enfin parce que Frédéric Laperriere, par ses activités a appris à observer, à contempler même, plus qu’à parler et que si sa voix est agréable, le débit est mesuré, plutôt lent. Et qu’il faudra donc s’adapter à son rythme. Et certains paysages, comme ceux de la Meije, du Val Jouffrey ou du Val d’Aoste méritent qu’on s’y attarde comme lui-même sait le faire.
Frédéric Laperriere ne cherche pas à convertir à sa cause, il ne s’érige pas en exemple, ne se prend pas pour ce qu’il n’est pas. Ni philosophe, ni économiste, ni géographe, il ne nous fera pas la leçon. Il s’agira d’abord de s’attacher à lui pour pouvoir profiter de ses propos glanés comme au hasard de ses activités, et non l’inverse. Cet homme n’est pas sinistre loin de là.

Comme certains religieux, il semble avoir renoncer à de nombreux éléments de confort de la vie contemporaine. Mais il ne faut pas s’y tromper, il n’y a là que l’expression de la recherche individuelle du bonheur, par les moyens qu’il se donne, à aucun moment, contrition ni auto flagellation.

AUTEUR-REAL : FREDERIC DERET
IMAGE : ANDRE BERNARDIN, GERARD LABRY
SON : JEROME GARDON, CHRISTOPHE JAUSEAU
LUMIERE : CHRISTIAN DEBOT
MONTAGE : ALAIN GAVIN
MIXAGE : DIDIER RAY
PRODUCTEURS : EVELYNE JULY, JEAN MICHEL RODRIGO
CO-PRODUCTION : MECANOS PRODUCTIONS, FRANCE 3
AVEC LE SOUTIEN DU CNC
DOCUMENTAIRE SELECTIONNE AUX FESTIVALS :
DU FILM DE MONTAGNE D’AUTRANS
CERVIN CINEMOUNTAIN

PASTORALISMES ET GRANDS ESPACES